Aujourd’hui, je célèbre un moment particulièrement important, je viens de finir une nouvelle pièce. Après un mois de travail assez intense, des analyses assez poussées de partitions d’orchestre, une recherche de couleurs inspirées de plusieurs symphonies de l’ère romantique, je suis arrivé à quelque chose. Ce quelque chose est assez inqualifiable en termes de ressenti. 6 minutes 40 secondes de musique, à travers lesquelles je n’ai gardé que l’essence de ce qui m’a fait vibrer. J’y ai jeté une dizaine de brouillons, soit plusieurs jours de travail. Il n’est pas joué par de vrais instruments, pas encore tout du moins, seulement par des samples intégrés à l’éditeur de partition. Difficile donc de s’en faire une image, auditive qui plus est.
Je me suis tenu à tenter de me mettre à table, avec pour seuls outils un crayon, une gomme, une règle et du papier musique. Le métronome m’a aidé à estimer le tempo des différentes parties, et le piano dans la pièce d’à côté m’a aidé à améliorer l’harmonie des idées abstraites que mon inconscient m’a offert. Intéressant de voir comment nous sommes capables de créer avec si peu !
Me vient donc la question suivante : mais comment faisaient les grands compositeurs des siècles derniers pour écrire leurs oeuvres ? Avaient-ils un orchestre à disposition pour jouer certains passages ? Avaient-ils des copistes pour gagner du temps ? Comment s’y prenaient-ils si des mesures devaient être insérées au milieu d’un passage ? Notre monde a tellement changé qu’il m’est difficile de me faire une idée de comment un compositeur moderne devrait travailler.
Je traverse en parallèle une remise en question assez importante. Pianiste de formation, j’écris aujourd’hui des pièces pour orchestre symphonique. Je dois donc désapprendre mes réflexes pianistiques pour me demander comment les sections de cordes, vents, cuivres et percussions peuvent sonner et se combiner entre elles au mieux. Tâche difficile, mais passionnante.
J’ai aussi étudié pendant ces dernières années l’harmonie jazz ce qui me rend encore plus perplexe dans le cadre de ce travail. D’un côté, je me sens à l’aise pour inventer des suites d’accords originales avec des super structures plus ou moins riches. De l’autre, j’ai du mal à imaginer comment un orchestre que l’on pourrait qualifier de « classique » pourrait interpréter ces nouvelles sonorités.
Des interrogations donc, mais une joie aussi, surtout même. Celle d’être arrivé au bout d’une étape. Comment faire pour partager mon travail maintenant ? Je n’ai pas encore la réponse. Mes maquettes ne sont pas finalisées pour avoir un résultat « audible » pour le grand public. Et je ne souhaite pas que les robots aspirateurs de sites s’emparent de ces extraits de musique pour former leurs intelligence artificielle, du moins aujourd’hui.
Je tiens chaleureusement à remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu dans cette démarche depuis que j’ai commencé sérieusement à m’y mettre, soit depuis 2024, par leurs témoignages, leurs marques d’affection, leurs commentaires pas toujours agréables à entendre mais nécessaires pour m’aider à continuer ce chemin. Elles sont nombreuses. Je pense pouvoir dire aujourd’hui que je suis sur un nouveau départ, et celui-ci n’aurait pas pu avoir lieu sans vous.
Avec toute ma sincérité,
Musicalement.
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